LES POITRINES DES HOMMES LIBRES SONT LES TOMBEAUX DES SECRETS صدور الأحرار قبور الأسرار

samedi 19 mars 2011

HABEMUS PONTIFICEM









Une dérive du clergé catholique romain 

  

 

Depuis le début de ce siècle, une offensive grandissante s'élève contre l'Islam dans à peu près tous les pays occidentaux. Les causes étant multiples et assez complexes, nous laisserons de côtés toute analyses idéologiques et politiques pour ne constater que l'influence et l'ignorance des nations occidentales et nous interroger essentiellement sur l'absence de raison apparente pour ce qui concerne l'hostilité des actuels représentants du Christianisme. Alors que de tous les côtés se lève la volonté de détruire ce qui reste du monde traditionnel, il eut été cohérent de soutenir la religion islamique comme toutes les traditions en Orient qui subissent les assauts de l'obscurantisme ambiant. Car, on peut dire d'une certaine manière, que si les causes de cette haine de l'Islam sont multiples, elles se déterminent toutes sur la peur diffuse et confusément ressentie à l'égard de la vitalité résistante de cette tradition et de la cohésion formelle d'une grande partie de sa communauté. L'une des nouveautés dans cet acharnement actuel est le transfert idéologique de l'antisémitisme, issu jadis des idéologies politiques de la droite et de l'extrême droite, vers le peuple arabo-musulman. Un des arguments fallacieux de ces attaques est la prétendue violence qui serait inhérente à l'esprit même du Coran. Cet argument établi sur une ignorance à la fois du Coran et des lois traditionnelles est en réalité destiné à répandre le discrédit sur l'Islam par les moyens d'une campagne malsaine (1). Il n'y a à cela rien d'étonnant : après s'être efforcé de dévitaliser le Christianisme et être finalement parvenu à le rendre méconnaissable, les agents anti-religieux de l'idéologie dominante ne peuvent supporter la menace d'un retour à une norme traditionnelle qui ruinerait les illusions progressistes des démocraties et irait à l'encontre des intérêts de la finance internationale. Leurs réactions sur ce point sont cohérentes. Il faut reconnaitre que la nébuleuse « démocratiste » s'efforce de répandre dans le monde entier ses conceptions avec un acharnement tel qu'elle est amené à créer des actes terrifiants a seule fin d'en utiliser les conséquences en projetant médiatiquement la nécessité de combattre un ennemi terroriste totalement imaginaire. Car, et il faut bien le comprendre, depuis son éclosion jusqu'à son achèvement, la mentalité moderne a besoin pour exister d'un perpétuel adversaire.

De nombreuses personnes dont on étouffe régulièrement les voix commencent à percevoir cet état de chose et dénoncent les ruses faussement morales des États occidentaux qui prennent depuis le 11/9 un tour grossier. Dans ces conditions, il n’est pas surprenant que les efforts déployés pour une mise en garde contre la montée des périls restent sans effet. Cependant, il est quand même bien surprenant de constater que le clergé catholique romain qui devrait logiquement être sensible à ces alertes n'offre aucune résistance, ni ne prononce aucune réserve contre cet état d'esprit, au point même de se rallier sous l'effet de la propagande, aux intentions des agents de ces agressions idéologiques et de prendre, comme eux, la tradition des autres peuples pour cible, en l'occurrence l'Islam. Cette perméabilité de l’Église aux suggestions délibérément sataniques empruntes d'un occidentalisme militant européen (pro-américain depuis peu) est assez inquiétante, d'autant qu'elle fut encore aggravée par une célèbre déclaration, en 2006, du Souverain Pontife lui-même.


Le point de vue de Seyyed Hossein Nasr sur les déclarations ambigües du Pape  

Le Pape Benoit XVI, dans son discours de Ratisbonne a cité une phrase d'un empereur de la fin du Moyen-Âge, puis le verset 256 de la sourate II du Coran : « Il n'y a pas de contrainte dans la religion ». Commentant ce verset coranique, le Pape a déclaré qu'il avait été révélé au Prophète à l'époque où la communauté islamique était encore faible, sous entendant qu’Il (le Prophète) éprouvait le besoin de se concilier les faveurs de ses futurs adhérents pour les encourager à se convertir. Sans même se soucier de la cohérence de son propos (ne serait-ce que sur le seul plan théologique), il poursuivait en disant que, plus tard, lorsque la communauté musulmane allait prendre le pouvoir, elle se propagerait alors par la force et l'épée. Seyyed Hossein Nasr, chercheur et professeur des sciences islamiques à l'Université George Washington, répondant à un journaliste de l'IRIB*, remet à leurs places ces déclarations pour le moins tendancieuses qui font l'impasse sur les fondements scripturaires et les commentaires traditionnels.

En effet, le verset : « Il n'y a pas de contrainte dans la religion » n'a pas été révélé avant l’Hégire à une époque où l'on pourrait concevoir encore une certaine “faiblesse” de la communauté musulmane, mais, beaucoup plus tard, à Médine, dans un temps où cette communauté était déjà bien établie et organisée. Pourquoi cette tentative de dénigrement de l'Islam de la part du souverain pontife et comment expliquer cette maladresse qui revient finalement à se mêler de questions pour lesquelles on n'a aucune compétence. L’infaillibilité doctrinale s'arrêtant pour un théologien aux limites de la forme traditionnelle dont il est le représentant, il aurait été plus sage de la part du Pape de demander conseil auprès d'une personnalité autorisée ayant une bonne connaissance de la doctrine islamique. Par ces propos, l'intention qui revient à jeter une sorte d'opprobre sur l'Islam est identifiée sans peine : ainsi Le Prophète est-il réduit à des considérations intéressées et le Coran à des conceptions toute humaines. Un prophète qui se servirait hypocritement de sa communauté pour recourir à la violence dans une visée de pouvoir politique, voilà bien une conception singulière venant de la part d’un théologien aussi avisé que cet ancien Cardinal. Pour oser proférer de tels propos, il faut bien penser au fond de soi-même que le Prophète de l'Islam ne fut point un véritable Prophète et que le monde Chrétien, détenant la Vérité avec la seule vraie religion, ait affaire à un imposteur.

L'instrumentalisation de la religion et le recours à la violence peuvent bien se concevoir dans l'esprit d'un chef politique, voir d'un chef religieux, et nous sommes bien obligé de constater qu'à des périodes historiques bien déterminées, la violence et la force ont été justifiées au nom de la religion, que cela vienne de l'Islam, du christianisme ou toute autre tradition, mais ici, ce n'est pas tout à fait de cela dont il est question. Aller chercher une obscure citation du XIVè siècle attribuée à l’Empereur Miguel II Paleologos (qui, par ailleurs, critique “l’œuvre malfaisante” du Prophète de l’Islam), pour  enchainer avec le raccourci sur la relation de l’Islam avec la violence et la référence au savant zahirite Ibn Hazm afin de mettre en question la rationalité dans la doctrine islamique ; tout cela, en réalité, ne relèvent pas seulement de l'ignorance coutumière de la mentalité moderne à l'égard des autres religions et particulièrement de l’Orient traditionnel, mais plutôt de la volonté sournoise de se rallier aux “Puissances de ce monde” qui manipulent les idéologies. Le journaliste questionnant S. H. Nasr est revenu ensuite dans son entretien sur la question des crimes commis par les chrétiens au nom du Christianisme pendant les Croisades, dont notamment, les exactions perpétrées par les espagnols catholiques une fois arrivés en Amérique du sud et en Amérique centrale. Il était inévitable, qu'avec un tel procès d'intention, l’on fasse immédiatement un retour sur ce passée historique. Venant d'un chrétien, en effet, calomnier la religion musulmane en lui reprochant sa violence et ses contraintes tout en lui attribuant une absence pratique de la raison relève non seulement d'une malveillance suspecte mais aussi d'une certaine arrogance ou d'une singulière inconscience. Quoi qu'il en soit, c'est manifestement l'indice de réflexes culturels encore bien vivaces hérités de l'esprit colonial (2).

L'histoire récente des régimes démocratiques (3) est saturée d'exemples où des groupements de malfaisants sous couvert de fausses morales couvrant des intérêts financiers, nationalistes, racistes (ou autres du même niveau), ont réussi par les techniques de propagande à emporter le suffrage de tout un peuple. Qui peut aujourd'hui prévoir les conséquences de cette montée de l'antisémitisme à l'égard des arabo-musulmans que les cercles dirigeants semblent vouloir propager ?

 




NOTES

 

 


* IRIB : Islamic Republic of Iran Broadcasting

(1) Telle celle menée jusqu'à l'obsession pathologique par les journalistes d’une radio de propagande nationaliste d’extrême droite se réclamant des “racines chrétiennes de la France” et qui représente, à cet égard, l'un des derniers bastions de la stupidité incurable.

(2) Il faut bien reconnaître que celui-ci n'a jamais cessé de se perpétuer depuis Le Siècle des Lumières accompagné de l'inévitable volonté dominatrice de son idéologie totalitaire.

(3) Le terme “démocrature” évoque parfaitement l'intention des propagandistes progressistes dont le succès dans les médias est stupéfiant ; on peut constater l'effet hypnotique et hallucinatoire qu'exerce sur nos contemporains la simple évocation de “la suprématie des bienfaits de la démocratie”, alors que tous les conséquences désastreuses inhérentes à ce régime post révolutionnaire ne cessent de se multiplier.

 





 

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