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samedi 21 juillet 2012

Le Premier et Dernier Numéro (128) de La Revue TRADITION


 VERS L’UNITÉ
La revue au programme impossible





                    Lorsque Roland Goffin fit paraître le premier numéro de Vers La Tradition (en nov.-dec.1982), l’ours des premières livraisons comportait la mention : « bulletin d’action traditionnelle ». Deux sentences figuraient en sous-titre ; une de Frithjof Schuon : « Tout ce qui est traditionnel est nôtre » et une autre dont nous ignorons l’auteur : « Face au monde moderne une seule Révolution : la TRADITION ». Julius Evola était également une référence bien présente dans certains textes, notamment ceux de Daniel Cologne.

         Les sous-titres furent abandonnés deux ans plus tard (à partir des n° 13 et 14) pour être remplacés dans le n° 43 (Mars-Avril-Mai 91) par la sentence maçonnique bien connue et dont R. Guénon a montré, à partir de la Lumière dans le Ming-tang, la signification correspondante « incluse dans le mot “Loge”(…) d’où l’expression maçonnique de“lieu très éclairé et très régulier”(voir note 2, p. 139 ; chap. XVI de La Grande Triade, Gallimard 57), et par différents exemples pris dans la tradition hindoue et la Kabbale hébraïque dans l’article « Rassembler ce qui est épars » (voir chap. XLVI des  Symboles  Fondamentaux de la  Science  Sacrée).
         Peu de temps après, VLT changeait de format (n° 45) pour rester définitivement dans la norme d’une revue traditionnelle (1). C’est également à partir de cette époque que R. Goffin dirigea au mieux sa revue en intervenant le moins possible, se contentant progressivement de seulement choisir les meilleurs textes qu’on lui proposait.


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         Si l’on prend le terme “Tradition” de Vers la Tradition, c’est à dire dans son sens général, sa signification manque de précision : Se diriger vers quelque chose, en effet, présuppose le choix d’un objectif particulier (2) ; le sens universel, quant à lui, en est exclu car on ne peut entreprendre aucune action pour atteindre la Réalité métaphysique, de même qu’il est impossible d’atteindre le continu à partir du discontinu.


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 Les cent écoles développent leurs systèmes
indéfiniment comme s’ils allaient de l’avant
sans revenir et ne peuvent jamais rencontrer
la Vérité. 

(Tchouang Tseu)



         Il était donc convenable de modifier le titre pour accueillir les textes inédits de René Guénon. Ce dernier s’est toujours montré soucieux de la qualité de présentation  intérieure et extérieure de l’ensemble des ouvrages composant son œuvre. Nous savons qu’il affronta de nombreuses difficultés pour achever dans les meilleures conditions sa fonction d’“écrivain traditionnel”.
         La correspondance qu’il échangea avec A. K. Coomaraswamy nous apprend aussi qu’il rencontra beaucoup de résistance de la part de P. Chacornac lui-même pour obtenir le changement de titre de la revue Le Voile d’Isis, dans laquelle il publiait régulièrement ses articles, en Etudes traditionnelles. Ce titre choisi par Guénon s’ouvrait à toutes les traditions particulières de manière à n’en favoriser aucune spécialement. Il obtint par la suite, grâce à Luc Benoist qui dirigea la collection “Tradition” (3) pour Gallimard, de publier ses trois derniers livres et quelques autres repris ensuite qui bénéficièrent de la grande qualité de cette maison d’édition.
         Nous avons annoncé la modification du titre dans les éditoriaux des n°123 et 124 en développant notre intention par des considérations générales en accord avec l’administrateur de VLT (4) qui est intervenu dans l’éditorial du n°124 en proposant de prendre le temps de la réflexion.

         Nous nous étions engagés auparavant auprès de P. B. pour effectuer le changement de titre dès la publication des premiers inédits de René Guénon. Répondant au souci de ne privilégier aucune forme traditionnelle -ni aucun ésotérisme particulier-, nous avons donc décidé de garder, par respect pour son fondateur, le titre « Tradition » tel qu il a toujours figuré dans la manchette dès le premier numéro, de remplacer « Vers la » par « La Revue » et de supprimer la formule maçonnique (5). Cela répondait à la clarté nécessaire pour la présentation extérieure d’une revue publiant le Cours de philosophie et d’autres textes à venir (6) et permettait d’éviter aussi toute interférence avec une obédience quelconque, notamment à l’égard d’éventuels lecteurs connaissant mal l’œuvre de R. Guénon.
         Le sous-titre a été choisi en accord avec l’auteur P. B. (autorisé par les ayants droit, responsable par conséquent de la publication des inédits et de la correspondance choisie de R. Guénon). Ce sous-titre venait compléter et préciser le sens général du titre de la manchette par la mention de la Tradition primordiale et [des] formes traditionnelles particulières.


         Cette décision de modifier le titre, dés le n° 128, après avoir été acceptée par l’administrateur a été rejetée ensuite par ce dernier dans des conditions discutables lors de la dernière réunion annuelle de l’“Assemblée générale” de l'Association. Une deuxième réunion convoquée par les membres du bureau quelques jours plus tard nous amena à rendre immédiatement, sans discuter, cette direction à celui qui désirait la reprendre pour son propre compte.
         L’intrusion de l’administrateur dans les décisions éditoriales a un précédent (7). Nous savons qu’un violent conflit avait occasionné la démission du premier directeur ayant succédé à R. Goffin. L’une des causes de cette violence, selon les confidences même de cet administrateur, peu de temps après le conflit en question, aurait été l’effet de sa propre initiative d’imprimer, sans aucune autorisation, un numéro 114* à la place d’un numéro double (Vers La Tradition n° 114-115) voulu par Monsieur André Bachelet, alors directeur de publication. Notre administrateur a beaucoup de conceptions sur les choses et, ce qui est fâcheux, ne supporte pas de recevoir une directive, considérant qu’il n’existe personne qui soit autorisé à lui donner un ordre quelconque.
         Quoi qu’il en soit, la fin de notre fonction de “Directeur” prend tout son sens à présent et nous libère d’une tâche devenue pesante en raison du contrôle permanent et insistant exercé par l’administrateur et fabricant de la revue auquel nous laissons bien volontiers la gestion exclusive de son affaire.
         L’inconséquence d’une décision telle que celle de revenir à un ancien titre dont la modification avait été annoncée un an auparavant dans deux éditoriaux successifs -auxquels l’administrateur lui-même avait participé par une proposition- signe un état d’esprit avec lequel il est impossible de travailler sérieusement.

         Nous tenions à rendre compte le plus succinctement possible des conditions dans lesquelles nous avons été amené à abandonner la direction de VLT afin de dégager entièrement notre responsabilité de la confusion qui ne va pas manquer d’apparaître aux yeux du lectorat. Nous avons également rédigé un aperçu historique des différentes situations traversées par la succession des directeurs de la revue de Goffin depuis le décès de ce dernier jusqu'à notre démission. Un pdf de ce texte sera d'abord diffusé confidentiellement et, par la suite, son contenu sera mis en ligne dans un message à venir, sous le titre « Dernier Compte rendu VLT ».



(1) Un an plus tard, à la demande de R. Goffin, nous entamons une longue collaboration en rédigeant un compte rendu de l’ouvrage SAMKHYA KARIKA du Swami Shraddhananda Giri qui sera publié dans le n° 50 de VLT.

(2) Par exemple, pour une personne née en dehors de la religion ; aller vers la tradition chrétienne, islamique ou bouddhique etc. C’est sans doute dans ce sens que l’entendait R. Goffin.

(3) La collection comporte plusieurs ouvrages posthumes dont : Symboles fondamentaux de la Science Sacrée qui rassemble des articles sur le symbolisme recueillis et annotés par Michel Vâlsan, deux ouvrages composés par Roger Maridort, etc.

 (4) Celui-ci, de son côté, proposait Vivre La Tradition (afin de garder les initiales VLT). Nous avons laissé son argument inséré par lui dans l’éditorial afin de montrer notre ouverture à toutes les propositions. Il va sans dire que changer « vers la » pour « vivre la » est tout simplement absurde. Depuis, nous n’avons reçu aucune proposition orale, ni écrite, de la part des collaborateurs, des lecteurs et autres, malgré la facilité de nous contacter par mail et par téléphone.

(5) La revue Être dirigée par Jean Klein et qui cessa de paraître après sa mort  ne pose pas, dans l’énoncé de son titre, les mêmes difficultés que La Revue Tradition. Jean Klein envisageait d’ailleurs le mot Être, comme il se doit, selon les trois points de vue enseignés par Guénon, à savoir : particulier, général et universel (par transposition).

(6) Cela se justifie d’autant plus qu’il existe en circulation actuellement une édition mal conçue et fautive d’une partie détachée de ce cours.

(7) Lors de l'élaboration du n ° 127, notre administrateur a formulé, par mail et de façon peu plaisante, des remarques à l'un de nos collaborateurs, sans même solliciter notre avis. Le terme intrusion ne peut sans doute pas être ressenti comme tel par son auteur car, au fond, ce dernier s'est toujours considéré comme le seul vrai “directeur”de la revue.






* DOCUMENT


Le numéro 114, tiré à 500 ex. et sans doute détruit. Il est curieux  de noter le « nombre »
 de ce numéro  que Bachelet avait choisi de jumeler avec le 115( numéro double 114-115).
















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